Après la capture de Jean II le Bon à la bataille de Poitiers en 1356, son fils Charles (dauphin-régent, futur Charles V) fait face à une montée des oppositions qui dénoncent la gestion calamiteuse du royaume. Accusés de mauvais conseils et d’enrichissement personnel, certains proches du roi se voient menacés de procès, voire de mort ! Les états réclament des prérogatives et des pouvoirs qui menacent le pouvoir royal historique : ils exigent un pouvoir décisionnel sur la valeur de la monnaie, l’imposition, la souveraineté, les subsides de guerre, les devoirs de la caste militaire, les élections de responsables, les responsabilités des ministres devant le peuple et enfin ils demandent un contrôle populaire ! Dans cette ambiance révolutionnaire dans laquelle le dauphin-régent Charles peine à se faire entendre, a lieu l’épuration des grands de l’état et des hauts fonctionnaires de province. Les états exigent de siéger quatre fois par an et ils confient l’administration du royaume à une commission de 36 membres ! Le grand vainqueur dans ce chaos est Etienne Marcel, prévôt des marchands, aux penchants tyranniques et à l’ambition sans borne. Ce dernier peut déclencher presque instantanément une émeute dans Paris, rendant la situation du dauphin-régent plus dangereuse que jamais. Les 36, véritable comité révolutionnaire, se moquent des députés de province et œuvrent particulièrement pour les intérêts de la capitale. Néanmoins, la situation va de mal en pis, les impôts rentrent mal et les réformes démocratiques souhaitées n’amènent pas les résultats escomptés. Les « réformateurs » et Etienne Marcel se retrouvent désavoués. Quelques mois plus tard, les pouvoirs des « réformateurs » et de la commission des 36 sont cassés. Nombre des officiers évincés reprennent leurs fonctions et le régent-Dauphin peut reprendre partiellement la main. Jamais les prémices d’une monarchie constitutionnelle n’avaient été tracées d’aussi près. La poussée d’idées nouvelles qui a marqué cette période s’était traduit par des remontrances et des exigences des états inconcevables au siècle précédent ! Malgré tout, la monarchie était plus vivace qu’en 1789 et elle a vécu quelques siècles de plus….