Le Secret du Roi était le service secret du roi Louis XV. Il est l’héritier du cabinet noir du cardinal de Richelieu et l’ancêtre de la DGSE. À sa création en 1722, le roi Louis XV en confie l’administration au cardinal Fleury, qui restera aux affaires pendant vingt années. Cette diplomatie secrète, employant trente-deux personnes, visait à contrôler les ministres et à augmenter l’influence de la France à l’Est. Le Secret du Roi comprenait un service de renseignements (rapports oraux, interception de lettres) et un service de correspondance à l’étranger permettant une diplomatie parallèle (réseau d’agents secrets à l’étranger que le roi payait sur sa cassette, notamment le fameux chevalier d’Éon). Le Secret s’efforça de nouer une alliance avec l’Autriche et la Russie afin de les écarter de la Prusse et de l’Angleterre.
À l’origine, l’objectif du Secret était d’influencer les voix et les partis afin d’installer le prince de Conti sur le trône de Pologne : à l’époque, cette monarchie était une république, le roi étant élu par la noblesse. Louis XV pensait alors à une alliance entre la Suède, la Prusse et la Pologne, pour faire face à l’alliance austro-russe. Ce premier objectif se soldant par un échec, le service — notamment le chevalier d’Éon — travailla, peu après la guerre de Sept Ans, à la préparation d’un débarquement français en Angleterre, qui n’eut jamais lieu.
À la mort de Louis XV et l’avènement de son petit-fils, Louis XVI, le Secret fut dissous. Cependant, ses agents, toujours actifs, notamment le comte de Broglie, s’efforcèrent de jouer un rôle important dans la guerre d’indépendance américaine (fourniture d’armes aux « Insurgents »). Le Secret a également travaillé à influencer la politique extérieure des États européens, comme tout service secret. Son existence ne fut découverte que quelques jours avant la mort de Louis XV, en 1774.