Cette bataille est située dans l’Eure près d’Evreux et elle oppose deux grands capitaines de l’époque. L’un fidèle au roi de France Charles V, le breton Bertrand Du Guesclin, l’autre, Jean de Grailly (Captal de Buch, sorte de duc du bassin d’Arcachon), fidèle au Navarrais Charles le Mauvais et allié des Anglais. La cause est la revendication de la Navarre sur les possessions du duché de Bourgogne et l’occasion aussi d’empêcher le sacre du nouveau roi de France Charles V (Jean II le Bon venant tout juste de décéder). Les belligérants se composent de compagnies régionales gasconnes, bretonnes, comtoises et bourguignonnes pour le roi, opposées aux compagnies normandes, navarraises et anglaises (archers) pour le parti navarrais.

Fidèle aux méthodes efficaces de tactique anglaise, les troupes anglo-navarraises se placent sur un tertre (en position haute). Au matin, et malgré une désertion de dernière minute des Bourguignons, Du Guesclin feint une charge sur le tertre ! Les compagnies navarraises fondent dès lors sur les Français (sans que leur capitaine leur en ait donné l’ordre), puis les troupes françaises semblent faire volte-face et fuir. Ce n’est pas sans compter sur la ruse de Du Guesclin qui, sur les flancs (caché dans un bois), lance sa cavalerie bretonne qui prend à revers les troupes navarraises. Ne pouvant opérer un demi-tour, les Navarrais se retrouvent cernés entre le gros des troupes royales et l’unité d’élite bretonne. Jean de Grailly perd la bataille et il est l’un des derniers à se rendre.

Jean de Grailly sera libéré peu après, ayant juré de servir le roi de France, mais il retourne sa veste et combat de nouveau pour le « Prince Noir » qui le comble d’honneurs et de territoires. Il est finalement capturé en 1372 en Charente par les Français qui, cette fois, le gardent emprisonné dans la prison du Temple à Paris, où il décède en 1376.