L'Histoire de France pour ceux qui n'ont rien retenu à l'école

Tentative de coup d’état et incarcération de Louis-Napoléon (futur Napoléon III) à la prison de Ham (1846) – Une évasion digne d’un film !

Louis-Napoléon déguisé en ouvrier et s’évadant de sa prison au fort de Ham. Il sort du fort au nez et à la barbe des gardes !

Louis-Napoléon est convaincu de l’impopularité de Louis-Philippe 1er et voit une occasion de revenir au-devant de la scène politique. En 1840, il débarque à Boulogne Sur Mer avec une petite troupe mais l’opération tourne à la déroute totale : les insurgés fuient au premier coup de feu ! Arrêté et condamné à perpétuité, il se retrouve emprisonné au fort de Ham dans la Somme. Il met à profit sa captivité pour lire, écrire et compléter sa formation intellectuelle. Il s’occupe : il cultive un jardin, monte à cheval dans la cour de la prison et adopte un chien, ayant même quelques aventures avec des femmes du village. Prisonnier depuis six ans, il se sent très seul et abandonné par sa famille.

En 1846, sa demande de grâce auprès du roi Louis-Philippe est rejetée. Son père est mourant : il décide dès lors de s’évader. Profitant de travaux dans l’aile où il est retenu, après une observation minutieuse des fait et gestes de chaque ouvrier, Louis-Napoléon se badigeonne le visage de cirage. Il revêt le bourgeron, dissimule sa tête sous une casquette, et se saisit d’une planche de sa bibliothèque. À six heures du matin il sort dans la cour, accompagné de son chien. Il franchit la porte de l’enceinte, marche seul un kilomètre jusqu’au premier relais de diligence, fait étape à Saint-Quentin, Cambrai, Valenciennes, jusqu’en Belgique où des amis l’attendent pour l’extraire en Angleterre ! Son médecin traitant (le docteur Conneau, incarcéré aussi avec lui, car complice dans la tentative de soulèvement) couvre sa fuite en glissant un mannequin dans le lit du fuyard. Toute la journée, il fait croire aux gardes, censés prendre des nouvelles toutes les heures, que Louis-Napoléon est terriblement malade en diffusant des odeurs pestilentielles dans la pièce pour simuler la purgation de son patient et ainsi éviter que les geôliers ne rentrent !

L’Empereur n’oubliera cependant pas Ham. Il retournera sur les lieux en 1856 avec sa femme, l’impératrice Eugénie. De sa relation avec une Hamoise sont nés deux fils illégitimes, à qui il va donner des titres à la fin de son règne en 1870.