L'Histoire de France pour ceux qui n'ont rien retenu à l'école

L’attentat d’Orsini (1858) – Quand le passé carbonari de Napoléon III refait surface, sanctionnant sa politique italienne

Les déflagrations proches de la voiture impériale, tuant et blessant de nombreuses personnes et des chevaux.

Le 14 janvier 1858, l’Empereur et l’Impératrice se rendent en soirée à l’Opéra, à Paris. Le cortège du couple impérial arrive, la voiture impériale étant escortée par plusieurs voitures d’officiers et de lanciers. A hauteur de l’entrée principale de l’Opéra, trois explosions retentissent successivement devant, à gauche et sous la voiture impériale. Les vitres et les becs de gaz des bâtiments voisins sont soufflés ; de gros cratères perforent le sol, sur lequel sont étendus de nombreux blessés. Malgré les soixante-seize impacts relevés sur leur voiture, qui basculé sur le côté, Napoléon III et Eugénie sont indemnes : les blindages en plaques de fer placées dans le plancher et les parois, les ont sauvés. Les chevaux de leur attelage sont morts sur le coup ou ont dû être euthanasiés. En tout, ce sont quelque 156 personnes qui sont blessées alentours. Huit décèdent des suites de leurs blessures, Malgré l’attentat, le couple impérial assiste à la représentation et quitte le théâtre à minuit : l’objectif est de rassurer immédiatement l’opinion publique.

La police arrête presque aussitôt les coupables : trois hommes (Pieri, Gomez, Rudio) puis un quatrième nommé Orsini, Italien d’origine romaine. Tous reconnaissent très facilement leur implication dans l’attentat, le revendiquant comme acte politique. L’enquête prouve qu’ils ont conspiré ensemble depuis le sol britannique. Très vite, Felice Orsini, comte de son état, apparaît comme la tête pensante de l’opération. Fils de Carbonaro, lui-même partisan de l’unification de l’Italie, Orsini reproche à Napoléon III d’avoir trahi la cause qui lui était chère dans sa propre jeunesse, lui qui soutenait les pro-républicains italiens quand il était encore Louis-Napoléon Bonaparte. Orsini n’a pas supporté que le Prince-Président soutienne le Pape en 1849 contre la République romaine et mette à mal la cause défendue par les Carbonari. Orsini est condamné avec Pieri à la peine capitale. Gomez et Rudio sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Autre conséquence, la décision de l’Empereur de faire construire un nouvel Opéra, dans un emplacement dégagé avec une entrée protégée pour la voiture impériale : ce sera l’Opéra Garnier.