L'Histoire de France pour ceux qui n'ont rien retenu à l'école

La fin terrible d’Enguerrand de Marigny (1315)

Très intelligent et cultivé, en 1302 Enguerrand de Marigny devient grand conseiller de Philippe IV le Bel qui le nomme coadjuteur du royaume et le place à la tête de son administration. D’une fidélité à toute épreuve, il sait conserver la confiance du roi mais il accroît sa puissance, sa fortune et aussi celles de ses frères pour qui il obtient des sièges épiscopaux. Nommé gardien du Trésor royal puis chancelier de France, rien ne semble pouvoir abattre sa puissance. Il s’attire de nombreuses jalousies et des rancunes tenaces, en particulier lorsqu’il contrarie les plans des princes du sang, en particulier Charles de Valois. Sur son lit de mort, Philippe IV le Bel donne toutes les recommandations pour qu’on épargne son ministre. Néanmois, la vindicte va s’abattre sur Enguerrand de Marigny dès la mort du roi…

Poussé par son oncle Charles de Valois, le nouveau roi Louis X le Hutin le fait arrêter. Quarante et un chefs d’accusation sont portés contre lui ! Faute de preuves, ses ennemis l’accusent de sorcellerie visant la famille royale. Enguerrand ne daigne pas se défendre, il est condamné à mort et à l’infamie. Il est mené au gibet de Montfaucon où il est pendu à la plus haute traverse, devant une foule venue en nombre. Durant la nuit, son corps est détaché de la traverse et dépouillé de ses vêtements, puis il est laissé nu auprès du gibet. Il fallu le pendre de nouveau après l’avoir rhabillé ! La dépouille du ministre restera exposée pendant deux ans avant que justice ne lui soit rendue. Tout d’abord, Louis X fait libérer l’épouse d’Enguerrand et il lui lègue 10 000 livres. En 1317, succédant à Louis X, Philippe V demande un procès en réhabilitation qui innocente Enguerrand de Marigny de toute accusation. Ses restes sont alors transportés dans une église. Sur son lit de mort, redoutant la justice éternelle, Charles de Valois demanda qu’on prie pour son âme et pour celle d’Enguerrand !